
EXPOSITION /// CORRESPONDANCES
Exposition du 13 mars au 20 avril 2018
Vernissage mardi 13 mars 2018
Galerie Domus
__31 av. Pierre de Coubertin – 69100 Villeurbanne
ENSSIB
__17/21 bd. du 11 novembre 1918 – 69100 Villeurbanne
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correspondances
possibilités de l’ailleursLes générations voyageuses, enfants du tourisme globalisé, d’une société de loisir de masse comme jamais dans l’histoire des civilisations, d’une industrie du confort et de l’image, se meuvent dans un monde spectaculaire greffé de prothèses fabriquées et adaptées pour recevoir des nuées d’yeux avides, de fantasmes prémâchés, organisé pour voir, saisir, et partir. Ces générations ne sont plus dupes de l’exotisme, de ce qui s’achète et de ce qui n’est pas à vendre. Alors pourquoi partir ? Qu’est devenu le voyage ? Que reste-t-il à découvrir, qu’est-ce que les réseaux sociaux, la mise en scène de soi, l’hyper connexion, ont fait de cette pulsion qui a poussé Ulysse loin d’Ithaque et Kerouac et ses anges vagabonds sur la route ?
De ce supplément d’âme que Bachelard appelait volontiers le 7ème sens il ne pourrait rester que des formes aliénées, de repos et de distractions dans des espaces prévus à cet effet.
Pourtant il existe encore des possibilités d’ailleurs, dans les entretemps suspendus du « grand dehors »* entre attachement et arrachement, nous espérons percevoir, éprouver cette sensation d’impermanence. Etre un étranger à l’autre, un étranger à soi-même.
C’est dans ces interstices fragiles que s’exprime le collectif. En définitive, c’est ce déplacement, la nécessité de ce détour par une terre étrangère qui nous permet d’accéder à un territoire intime, (à une sensation d’exil) : Dans ce Voyage, c’est l’inconscient qui est en jeu, la rencontre d’une banalité inédite, la plongée dans un exil provisoire et maîtrisé nous permet de pénétrer l’énigme de son exil à soi-même, « ein andere schauplatz* », d’une autre scène, habituellement hors de portée de notre regard.
« Je pense là où je ne suis pas, je suis là où je ne pense pas. »* Correspondances propose un double déplacement où les territoires de chaque photographe se découvrent et se recomposent sur une nouvelle page blanche pour se fondre dans une nouvelle entité : celle du collectif, un langage polyphonique qui trouve ses harmonies en échos lointains.
M.A.
* LACAN, Jacques Ecrits. Paris, Éd. du Seuil, 1995.